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1er Festival « Concerts d’automne » de Tours – Forces locales et ouverture

Nouveau venu dans le paysage des festivals français, « Concerts d’automne » a eu le bon goût d’éviter le trop-plein estival pour mieux faire goûter la musique en une période (14-30 octobre) durant laquelle la Touraine déploie d’indéniables charmes. On en doit l’initiative à Alessandro Di Profio (photo), professeur de musicologie qui, après avoir enseigné à l’Université de Tours (sur la période baroque) pendant une décennie, exerce ses activités depuis 2013 à l’Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3 (sur l’Opéra, italien en particulier, de Monteverdi à Puccini).

Tours peut se prévaloir d’un riche passé dans le domaine de la musique ancienne grâce au travail qui y a été mené dès les années 1960 par les musicologues Jean-Pierre Ouvrard et Jean-Michel Vaccaro et bénéficie de l’existence d’un département de musique ancienne (dirigé par Marie-Anne Pottier) au sein son CRR et de celle d’un pôle de recherche internationalement reconnu (l’Université François-Rabelais et le Centre d’Etudes Supérieures de la Renaissance du CNRS qui englobe aujourd’hui l’atelier de recherche du Centre de Musique Baroque de Versailles).

Conscient de ces atouts, mais aussi de « la présence à Tours de quatre ensembles présentant chacun une identité bien précise », A. Di Profio a su emporter l’adhésion de Serge Babary, maire de Tours, et de son adjointe à la culture, Christine Beuzelin. Fort de leur soutien, il a bâti le festival en s’appuyant sur les forces locales, d’une exceptionnelle richesse – le directeur musical parle d’«exception tourangelle ». Avec Diabolus in Musica (dir. Antoine Guerber), Doulce Mémoire (dir. Denis Raisin Dadre), l’Ensemble Jacques Moderne (dir. Joël Suhubiette) et enfin, plus récemment créé mais déjà largement reconnu, l’Ensemble Consonance (dir. François Bazola), il dispose en effet « de plusieurs ensembles professionnels qui ont une belle visibilité à l’étranger » et qui, à eux quatre, « englobent une large période, du Moyen Âge au XVIIIe siècle. Mais il n’est pas question de s’enfermer dans cette réalité locale, insiste A. Di Profio ; il importe de s’ouvrir et d’accueillir d’autres formations. Chaque année, le public retrouvera les quatre ensembles tourangeaux, mais aussi des ensembles invités. »

La volonté d’ouverture du directeur musical s’exprime aussi par le refus d’une thématique, « contrainte inutile » à ses yeux ; c’est « la recherche de l’authenticité, la démarche historiquement informée » qui constitue le fil directeur des « Concerts d’automne » dont la première édition a pour marraine Natalie Dessay.
Dès le 14 octobre, la soirée d’ouverture, confiée à Doulce Mémoire, mêle musiques espagnoles de la Renaissance et danse flamenca (avec Manolo Punto et Aurelia Vidal), tandis que l’on retrouve ensuite le Concert Köln, avec Vivica Genaux dans une  éblouissante anthologie d’airs vivaldiens (le 15), puis dans un programme instrumental « Bach et l’Italie » (le 16).
Après cette entrée en matière concentrée sur le Grand Théâtre, le festival investit la semaine suivante l’église Saint-Julien - « sorte de berceau de la musique ancienne et baroque à Tours » rappelle A. Di Profio - avec Diabolus in Musica (le 21) dans des musiques du XIVe siècle pour la chapelle des papes d’Avignon, l’Ensemble Jacques Moderne qui reprend le programme « Au long de Loire » (des polyphonies de la Renaissance), déjà entendu à la Folle Journée 2016 (de Nantes et de Tokyo) mais proposé ici dans une nouvelle version enrichie de plusieurs pièces (le 22). Autre ensemble tourangeau, Consonance conclura le week-end en beauté avec les Vêpres de Claudio Monteverdi dont – il faut un début à tout -  ce sera la première exécution à Tours. Quant au week-end de clôture, il rassemble des ensembles invités : La Venexiana (le 28) et L’Arpeggiata. Ce dernier s’associe d’abord à l’ensemble vocal corse Barbara Fortuna lors d’une soirée « Via Crucis » (le 29), avant de donner une masterclass publique, sous la conduite de Christina Pluhar (le 30).

Parmi les forces locales, A. Di Profio n’a pas non plus négligé l’actif département de musique ancienne du CRR-Francis Poulenc et a confié aux enseignants et aux élèves deux concerts en journée, dont un – itinérant – dans les salles du Musée des Beaux-Arts, en parallèle à l’exposition consacrée à Saint-Martin (le 22). Des manifestations inscrites dans le cadre des « Apartés », qui proposent en outre conférences, rencontres avec les artistes et même... une masterclass de danse flamenca avec Aurelia Vidal (proposée par Doulce Mémoire et le Centre Chorégraphique National de Tours).

Alain Cochard
(Entretien avec Alessandro Di Profio réalisé le 30 septembre 2016)

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1er Festival « Concerts d’automne »
Du 14 au 30 octobre 2016
Tours – Grand Théâtre, église Saint-Julien, etc.
concerts-automne.com/
Photo Alessandro Di Profio © DR

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